Banques en ligne et néo-banques, halte à la confusion !
Innovation
Les yeux rivés sur nos écrans, nous n’avançons plus au quotidien que par « perfusion » technologique. Informations, shopping, rencontres amoureuses… Notre vie entière passe désormais par le tamis du digital. Un tournant important qui entraîne aussi avec lui un monde avec des codes bien établis : la finance. Depuis quelques années les Fintech, ces technologies financières novatrices, sont venues bousculer tout un marché en demande de renouveau. Banques en ligne, néo-banques… Ces banques 2.0 affichent toutes une volonté de moderniser et de simplifier l’offre bancaire. Mais à y regarder de plus près, leurs services et leurs mécanismes ne sont pas forcément jumeaux, alors comment éviter la confusion ?
Acheter son pain, passer chez le coiffeur pour un brushing et déposer son chèque à la banque. Le schéma semble aujourd’hui et peu désuet pour un nombre grandissant de citoyens. Les agences bancaires ne sont plus désormais les passages obligatoires à la gestion de notre porte-monnaie. D’ailleurs depuis quelques années, on observe un certain déclin de ces dernières. 2008 a laissé les séquelles de son cyclone boursier amassant derrière lui les débris d’un système bancaire abusif sur de nombreux points. Résultat, en 2018 les agences bancaires ont vu leur nombre se réduire de 22% depuis le début de la crise économique. Mais bien plus qu’une méfiance vis-à-vis de ce système classique, c’est l’avènement de tous nouveaux modes de vie qui ont poussé le marché de la finance à se faire une nouvelle jeunesse. L’utilisation massive des portables a ouvert une nouvelle voie à la bancarisation. L’explosion du paiement sans contact, du paiement mobile ou encore du cashless ont modifié et démocratisé l’acte d’achat à grande échelle. Ces nouveaux moyens de paiement 2.0 ne cessent de grimper. Le chef du Service de surveillance des moyens de paiement scripturaux à la Banque de France, Alexandre Stervinou avait fixé cette augmentation aux alentours de 3% à 4% par an. De l’autre côté du globe, en Chine ce sont 86% des habitants à avoir déclaré avoir utilisé au moins une fois leur mobile pour acheter ( Houssem Assadi, CEO, Dejamobile).
Mais bien plus que ces simples transactions dématérialisées, c’est un système bancaire dans sa globalité qui prend son tournant numérique. Crédits, épargnes, assurances diverses… Depuis un certain temps déjà les banques en ligne se sont imposées comme la relève d’agences bancaires en perte de vitesse tout en proposant une gamme de produits similaires à une structure plus classique. Cela n’a rien d’étonnant, les banques en ligne sont tout simplement la continuité des agences physiques. Exemple, en France BForBank qui comptait quelques 230.000 clients en juin 2019 n’est autre que la banque en ligne rattachée au groupe Crédit Agricole. Pourquoi faire le choix d’une banque en ligne alors plutôt que de rester en agence? Les dimensions sont multiples. Tout d’abord, ces banques digitales offrent de nouvelles propositions tarifaires plutôt convaincantes. Les frais bancaires y sont moindres, la carte bancaire offerte et certaines offres promotionnelles vous sont proposées pour toute ouverture d’un compte. C’est aussi la praticité de ces nouvelles banques qui leur a permis de se démarquer d’une structure bancaire encore trop rigoureuse. Se déplacer à la banque, avoir affaire à de longues démarches administratives, prendre rendez-vous avec son conseiller… La banque en ligne offre réactivité et simplicité d’utilisation mais a tout de même quelques désavantages à ne pas omettre. Tout d’abord, sachez qu’à l’image d’une banque traditionnelle, la banque en ligne ne donne pas un droit d’ouverture à tout le monde. En effet, la condition d’un revenu minimum y est aussi demandée. On repassera donc pour l’universalité… D’autres petites surprises sont aussi à prendre en compte comme d’éventuels frais supplémentaires si la banque en ligne n’observe pas de mouvement sur votre compte pendant un certain moment.
Néo-banques et banques en ligne: une clientèle ciblée
N26, Revolut, Bnext… Vous ne pouvez pas passer à côté. Depuis quelque temps, les noms de ces néo-banques résonnent un peu partout sur le continent européen. Alors que le Royaume-Uni est le pays du vieux continent à compter le plus d’adeptes de ces nouvelles banques 2.0 avec environ 7 millions d’utilisateurs en novembre 2019, la France et l’Espagne talonnent les britanniques avec respectivement 2,5 millions et 1 million d’adhérents. Mais qu’est-ce qui suscite autant d’engouement ? Ces petits nouveaux du secteur s’engagent d’apparence dans la même direction question simplicité d’utilisation et efficacité que les banques en ligne. En effet, condensées sur des applications ergonomiques (elles ne sont pas disponibles sur PC mais uniquement sur smartphone), les néo-banques proposent une inscription très rapide, cela peut prendre quelques minutes uniquement, aucuns frais bancaires, une carte de retrait gratuite etc.
Bien que leurs intentions premières soient très similaires, les néo-banques n’offrent pas toute la gamme de produits proposée par une banque ligne. Vous ne pouvez pas avoir de compte joint, dites aussi au revoir au chéquier et aux solutions d’épargnes. Les néo-banques ne proposent aussi que des cartes à autorisation systématique et n’autorisent pas le découvert. Un système quelque peu contraignant certes mais idéal pour suivre son solde de près. Ce dernier est d’ailleurs mis à jour réellement en direct grâce à cette fameuse « carte à autorisation systématique ». Un outil intelligent pour éviter les classiques décalages de relevés bancaires que l’on observe généralement sur une carte à débit immédiat, un nom bien trompeur vous l’aurez compris. Cette gestion simplifiée mais néanmoins rigoureuse fait de la néo-banques la partenaire idéale d’une jeune génération: étudiants avec peu de ressources, mineurs souhaitant profiter de son argent poche et optimiser son indépendance ou encore accro au shopping qui utiliserait cette fameuse carte afin de contrôler sa frénésie dépensière. Avec en prime une condition sur le revenu minimum effacée, les néo-banques séduisent donc tout particulièrement cette génération de digital-natives et de jeunes actifs. Un potentiel d’une clientèle toute nouvelle que les néo-banques renforcent en proposant des services réellement adaptés aux nouveaux modes de vie. Exemple, nous voyageons plus et ce de plus en plus jeune. Pour briser les frontières, les néo-banques proposent notamment de supprimer les frais supplémentaires liés aux paiements ou aux retraits en devises étrangères. Un bon outil pour ne pas dépasser son budget voyage.
Établissements de paiement et réelles banques
Les néo-banques ne peuvent pas convenir à des usagers habitués ou plus désireux des services offerts par une banque classique. Effectivement, faire d’une néo-banque son compte principal reste assez complexe pour des foyers ayant des crédits et des factures à payer chaque mois. Difficile dans les cas présents de ne pas passer la limite du découvert le plus souvent. Cette différence de produits entre banques en ligne et néo-banques s’explique par une différence fondamentale: la première est une banque et la deuxième est en réalité le plus souvent un établissement de paiement offrant des services très proches d’une vraie banque.
Pour la plupart, les néo-banques ne possèdent donc pas de licence bancaire. Chez une banque traditionnelle tout comme chez une banque en ligne, votre argent est garanti à hauteur de 100 000 euros en cas de faillite de cette dernière. Ce n’est pas le cas pour une néo-banque. Cependant il faut nuancer. Certaines néo-banques proposent cette même garantie comme N26 mais uniquement si ce fond garanti est d’origine allemande. Revolut a même obtenu un agrément bancaire en Europe, un précieux sésame qui lui permettra d’afficher des services similaires aux banques classiques en proposant notamment des crédits ou la possibilité d’un découvert. À l’avenir, les frontières entre banques en ligne et néo-banques risquent donc de se brouiller davantage.